La Tunisie compte 600 000 hectares de figuiers de Barbarie. Le pays est classé 5ème au monde en termes de surface cultivée et est parmi les top trois en termes de production de figues de Barbarie issues des plantations commerciales. En ce qui concerne la production certifiée biologique des figues de Barbarie la Tunisie est placée première au monde selon l’Agence Bio.  

Le figuier de barbarie pousse partout en Tunisie, mais les principaux centres de production sont Kasserine, Kairouan, Sidi Bouzid et Siliana. Il est estimé que la filière compte environ 39 000 petits producteurs.

L’intérêt pour les produits du cactus a augmenté exponentiellement au cours de ces dernières années en Tunisie. En 2014, cette filière peinait à se développer. Le secteur comptait seulement cinq entreprises de transformation, les produits issus de la figue de barbarie étaient méconnus et les espoirs mises sur cette filière était très limitées. En 2021 le nombre d’entreprises tunisiennes a atteint 47.

En parallèle avec l’augmentation des opérateurs, la filière a également connu une grande diversification de la gamme de produits. Au début, les entreprises se focalisait presque exclusivement sur l’huile de pépins de figue de barbarie biologique, mais aujourd’hui elles ont développé une large gamme de produits cosmétiques à base de figue de barbarie à savoir des gels, des crèmes, des savons, des sérums, des shampooings et bien d’autres. En plus, la gamme de produits agroalimentaires et diététiques est également en train de s’élargir. Le vinaigre amincissant, le sirop sans sucre ajouté, le miel, le jus, les infusions ou encore le couscous enrichi en fibre sont en train de trouver leur place sur les marchés. Pour initier ces développements, les entreprises ont réalisé au cours des six dernières années des investissements qui dépassent les 16 millions de dinars tunisiens. Cela a permis de créer environ 1000 emplois permanents et occasionnels, dont 700 au profit des femmes.

En effet, ce sont les femmes qui contribuent largement au développement des activités agricoles dans les champs de figuiers de barbarie et qui travaillent également dans les unités de transformation cosmétiques pour la diversification de la gamme de produits. Elles se positionnent aussi comme jeunes entrepreneurs leader du secteur. Aujourd’hui presque la moitié des nouvelles entreprises qui ont vu le jour depuis 2014 sont gérées par les femmes ; au total 19 entreprises.

Les ouvrières agricoles, qui sont souvent les grandes oubliées du modèle agroindustriel ont également pu profiter du développement de la filière. Ainsi, la diversification des produits transformés, la montée progressive en gamme et l’orientation vers les marchés de niche a fait augmenter la demande pour différents types de produits agricoles issus du cactus biologique (fleurs, raquette, figue de barbarie) qui doivent être conformes à des exigences de qualité chaque fois plus élevés.

La technicité du travail agricole requise et l’augmentation de la demande sur le marché du travail pour développer un nombre grandissant d’activités agricoles et de post-récolte, a fait augmenter le salaire journalier des ouvrières agricoles à Kasserine, qui représente le centre de production nationale des plantations des cactus biologiques, de 50% entre 2015 et 2019.

La figue de barbarie, longtemps considérée comme le fruit des pauvres, est aujourd’hui reconnue comme une véritable source de développement socioéconomique en Tunisie. Le potentiel du hindi comme on l’appelle dans le dialecte local n’est plus à prouver. Actuellement les produits issus de la figue de barbarie occupent déjà la 5ème place des exportations du secteur biologique tunisien et la tendance continue à l’hausse.